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Quand l’improbable devient évidence

Quand l’improbable devient évidence

Elle venait de Russie.
Il venait de France.
Un voyage. Une rencontre. Rien d’orchestré, rien de planifié. Mais tout semblait s’aligner. Comme si le hasard — ce mot que l’on emploie quand on n’ose pas dire « destin » — avait simplement joué son rôle.

Tous deux avaient connu les déceptions. Des histoires passées, aux allures prometteuses, qui n’avaient mené qu’au silence. Mais ni elle ni lui n’étaient abîmés : seulement plus lucides, plus clairs sur ce qu’ils ne voulaient plus. Et, surtout, plus ouverts à ce qu’ils savaient désormais mériter.

Ils ne cherchaient pas l’amour comme une obsession — ils s’y étaient préparés. Longtemps. Par la solitude, par les lectures, par la patience. Et ce qu’ils trouvèrent dans les yeux de l’autre ne fut pas une passion soudaine, mais une évidence tranquille, née de la résonance de deux cœurs également prêts.

Ils s’aimaient. Profondément. Sans besoin de promesses démesurées. Malgré les kilomètres, malgré les voix extérieures murmurant « impossible ».
Mais qu’est-ce que l’impossible, sinon la limite qu’on place sur ce que l’on n’a jamais osé tenter ?

Leur amour était simple et puissant, et rien ne semblait pouvoir le miner. Pas le regard des autres, pas les fuseaux horaires, pas l’incompréhension de ceux pour qui l’amour doit forcément se plier à la proximité.

Lui n’avait jamais trouvé ce regard en France. Elle ne s’était jamais sentie entendue chez elle. Ensemble, ils n’avaient pas fui quelque chose — ils s’étaient trouvés. L’un et l’autre. Comme un rivage que l’on atteint sans l’avoir cherché, mais dont on sent qu’il a toujours été là.

Il pensait souvent à cette phrase dans Interstellar :« L’amour est la seule chose que nous percevons qui transcende le temps et l’espace. »

Et il y croyait, vraiment.
Elle aussi.

Ils vivaient encore à distance, pour un temps. Mais qu’est-ce que quelques mois, face à une vie de soutien, de douceur, de partage ?
Ils savaient que la patience ne tue pas l’amour — elle le raffermit. Elle l’affirme.

Car quand deux êtres se reconnaissent, le monde peut bien être vaste : ils avanceront l’un vers l’autre.
Toujours.